• L'Atlantide en Antarctique


    L'Atlantide serait l'Antarctique


    Dans un futur pas trop éloigné, les archéologues qui recherchent l'Atlantide pourraient avoir à échanger leurs chapeaux de soleil et leurs équipements de plongée contre des lunettes de neige et des parkas.


    Si la masse d'indications, en croissance rapide, se révèle correcte, au lieu du fond de l'océan, la prochaine grande zone d'exploration pour le fabuleux continent perdu pourrait être l'étendue glacée à l'extrémité du globe. Et avant de se moquer trop vigoureusement, les partisans de l'Atlantique Nord, de la mer Egée, et des autres théories, seraient bien avisés d'écouter attentivement les nouveaux arguments en faveur de la localisation de l'Atlantide en Antarctique


    Dans les rangs de ceux qui prennent l'idée très au sérieux, on compte déjà des célébrités telles que John Anthony West et Graham Hancock. Fondée sur une théorie scientifique développée par le regretté Dr Charles Hapgood, en proche interaction avec pas moins qu'un personnage de la notoriété d'Albert Einstein, l'idée apparaît suffisamment solide pour soutenir les attaques les plus virulentes attendues de la part des gardiens de l'orthodoxie scientifique. De toute façon, il n'y aura pas besoin d'attendre la fonte totale de la calotte glaciaire pour résoudre la question. Quelques images satellite bien dirigées et quelques études séismiques appropriées pourraient rapidement l'éclaircir si, en effet, une civilisation avancée s'est jadis épanouie sur les terres [aujourd'hui] sous la glace.


    Menant la charge de ceux qui parient que de telles preuves seront bientôt découvertes, se trouvent les chercheurs canadiens Rand et Rose Flem-Ath, les auteurs de When the Sky Fell [Quand le ciel tombait, 1995], qui vient juste de sortir dans une édition américaine (St. Martin's Press, New York). Précédemment publié au Canada, le livre contient la synthèse méticuleuse, effectuée par le couple, de la théorie de Hapgood sur les déplacements de l'écorce terrestre, ainsi que leurs propres découvertes fracassantes. Le résultat a déjà converti beaucoup de monde. Graham Hancock pense que les Flem-Ath ont fourni la première réponse vraiment satisfaisante à la question de savoir ce qui est arrivé au continent géant disparu de Platon. Après avoir consacré un chapitre de son best-seller Fingerprints of the Gods [Les empreintes des doigts des dieux, 1996] au travail des Flem-Ath, Hancock continue à affirmer l'importance de leurs théories sur l'Antarctique, lors de ses apparitions médiatiques. John Anthony West a écrit une postface à la nouvelle édition de When the Sky Fell (Colin Wilson a écrit l'introduction). Flem-Ath lui-même a exposé ses idées dans l'émission spéciale de février sur NBC, " Les mystérieuses origines de l'homme ".





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    Pour toucher le fond de toute cette excitation, sinon de la planète, " Atlantis Rising " [magazine spécialisé sur l'Atlantide, NDT] coinça Rand Flem-Ath dans sa maison sur l'île de Vancouver en Colombie britannique.


    L'auteur n'a pas oublié comment son propre intérêt pour l'Atlantide a commencé. Pendant l'été 1966, alors qu'il attendait un entretien pour un poste de bibliothécaire à Victoria en Colombie britannique, il travaillait sur un scénario de téléfilm impliquant des " aliens " abandonnés et hibernant dans la glace, sur la Terre, depuis 10 000 ans. Soudain, à la radio, passa la chanson du chanteur pop Donovan, " Hail Atlantis " [" Salut à l'Atlantide "]. Oh, voilà une bonne idée, pensa-t-il. " Je voulais de la glace, donc j'ai pensé, maintenant où puis-je avoir de la glace et un continent isolé ? Et j'ai pensé à l'Antarctique ".


    Plus tard, approfondissant l'idée, il lut tout ce qu'il put trouver sur l'Atlantide, incluant le fameux récit de Platon dans le Critias et le Timée, où des prêtres égyptiens décrivaient l'Atlantide, ses caractéristiques, son emplacement, son histoire et sa disparition, au législateur grec Solon. Au début l'histoire ne semblait pas marcher pour Flem-Ath, mais cela changea plus tard lorsqu'il fit une stupéfiante découverte, des similarités indéniables entre deux cartes peu connues mais remarquables.

    Une carte de 1665, du jésuite érudit Athenasius Kircher, recopiée d'après des sources beaucoup plus anciennes, semblait avoir placé l'Atlantide dans l'Atlantique Nord, mais curieusement, avait placé le nord en bas de la page, obligeant apparemment à l'étudier à l'envers. La carte de 1513 de Piri Reis, également recopiée d'après des sources beaucoup plus anciennes, démontrait qu'une civilisation de l'ère glaciaire avait une connaissance géographique suffisante pour dessiner précisément la côte de l'Antarctique telle qu'elle existait sous une calotte glaciaire vieille de plusieurs milliers d'années (comme le remarqua Charles Hapgood dans Maps of the Ancient Sea Kings : Evidence of Advanced Civilization in the Ice Age [traduit en français sous le titre : Les cartes des anciens Rois des Mers, éditions du Rocher, 1981, NDT]). Ce qui apparut évident pour Flem-Ath fut que les deux cartes décrivaient la même étendue de terre.


    Soudain l'Atlantide antarctique cessa d'être une histoire de fiction. La révélation était faite qu'il pouvait y avoir quelque chose de réel. D'autres études sur Platon apportèrent encore plus d'indications. J'ai noté que la description provient de l'Atlantide, se rappela-t-il. Bientôt, armé d'une carte du monde de l'US Navy, vue depuis le Pôle Sud, il découvrit une nouvelle manière de comprendre l'histoire de Platon et une nouvelle manière de regarder la carte de Kircher. Vus depuis cette perspective du sud, tous les océans du monde apparaissent comme des parties d'un seul grand océan, ou, ainsi que décrit dans Platon, comme le véritable océan et les terres au-delà comme un continent complètement à l'opposé. Située au milieu de ce grand océan, exactement au nombril du monde, se trouve l'Antarctique. Soudain, il était possible de comprendre la carte de Kircher, telle qu'elle était dessinée, avec le nord au sommet, l'Afrique et Madagascar sur la gauche et la pointe de l'Amérique du Sud sur la droite.


    Le terme Océan Atlantique, comprit bientôt Flem-Ath, avait signifié quelque chose de très différent au temps de Platon que le sens qu'il a pris depuis l'époque de l'exploration. Pour les Anciens, il incluait tous les océans du monde. L'idée se précise, lorsqu'on se rappelle que dans la mythologie grecque, Atlas (un nom très proche d'Atlantide et d'Atlantique) tenait le monde entier sur ses épaules.


    Tout le continent à l'opposé, qui entourait le véritable océan dans le récit de Platon, comprenait l'Amérique du Sud, l'Amérique du Nord, l'Afrique, l'Europe et l'Asie, fondus ensemble dans la vision du monde atlantéenne, comme s'ils étaient une masse de terre continue. Et de fait, ces cinq continents formaient à l'époque (9 600 av. JC) une seule masse de terre, au sens géographique.


    Flem-Ath donnait la lecture suivante du récit de Platon : Il y a bien longtemps, l'Océan Mondial au-delà du détroit de Gibraltar était parcouru par des navigateurs, depuis une île plus grande que l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient réunis. Après avoir quitté l'Antarctique, vous rencontriez l'archipel antarctique (des îles actuellement recouvertes de glace) et de là, vous atteigniez le Continent Mondial qui encercle l'Océan Mondial. La mer Méditerranée est très petite comparée à l'Océan Mondial et pourrait même être appelée une baie. Mais au-delà de la mer Méditerranée se trouve un Océan Mondial qui est encerclé par une masse de terre continue.

    Une erreur fréquente dans la plupart des lectures de Platon, pense Flem-Ath, est la tentative inappropriée d'interpréter l'ancien récit à la lumière de concepts modernes. Un autre exemple est la référence familière aux " Colonnes d'Hercule ", au delà desquelles l'Atlantide était dite se trouver. S'il est vrai que le terme désigne quelquefois le détroit de Gibraltar, une autre interprétation également valable est qu'il signifiait les limites du monde connu.


    Pour Flem-Ath, le monde vu de l'Antarctique cadrait parfaitement avec le récit des anciens Égyptiens, décrivant le monde vu de l'Atlantide. L'ancienne géographie était en fait bien plus avancée que la nôtre, ce qui se tient si l'Atlantide, comme l'affirmait Platon, était une civilisation avancée.


    Les théories de Platon mises à part, le plus difficile problème, expliquer comment l'Atlantide pourrait être devenue l'Antarctique, subsistait. Comment une terre, recouverte de milliers de pieds de glace, pouvait-elle avoir permis une habitation humaine, pour ne rien dire d'une grande civilisation de la taille de celle décrite par Platon ? Pour les Flem-Ath, la réponse, en l'occurrence, avait déjà été fournie, de manière minutieuse et convaincante, et publiée dans le Journal Scientifique de Yale au milieu des années 50.


    Dans sa théorie du déplacement de l'écorce terrestre, le Pr Charles Hapgood, citant une masse de preuves climatiques, paléontologiques et anthropologiques, avait argué que toute la croûte extérieure de la Terre glisse périodiquement par-dessus ses couches intérieures, provoquant des changements climatiques majeurs. Les zones climatiques (polaire, tempérée et tropicale) restent les mêmes parce que le soleil rayonne toujours depuis le même angle dans le ciel, mais quand la croûte extérieure glisse, elle se déplace à travers ces zones. Vu par la population de la Terre, c'est comme si le ciel tombait. En réalité, l'écorce terrestre se déplace à un autre endroit. Certains pays se déplacent vers les tropiques. D'autres, par le même mouvement, glissent vers les pôles. Pendant que d'autres échappent à de grands changements en latitude. Les conséquences d'un tel mouvement sont, bien sûr, catastrophiques. Dans le monde entier, des séismes massifs secouent la terre et d'énormes raz-de-marée frappent les rivages continentaux. Comme les anciennes calottes glaciaires quittent les zones polaires, elles fondent, élevant de plus en plus le niveau des mers. Partout, et par tous les moyens, les gens recherchent des terres plus élevées pour échapper à un océan en folie.





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    Les Flem-Ath correspondirent avec Hapgood depuis 1977 jusqu'à sa mort au début des années 80, et bien qu'il était en désaccord avec eux sur l'emplacement de l'Atlantide (son candidat était les Rochers de Saint Pierre et Saint Paul), il louait leurs efforts scientifiques pour soutenir sa théorie. Pendant l'été 1995, Flem-Ath eut la permission de lire la volumineuse correspondance (170 pages) de Hapgood avec Albert Einstein, et de découvrir une collaboration entre eux, beaucoup plus directe que ce qui avait été supposé précédemment.


    En entendant parler pour la première fois de ces recherches, par sa correspondance avec Hapgood, Einstein répondit : " Très impressionnant ... j'ai l'impression que votre hypothèse est correcte ". Par la suite, Einstein souleva de nombreuses questions auxquelles Hapgood répondit avec une telle minutie que Einstein se laissa finalement persuader d'écrire une préface enthousiaste au livre de Hapgood, Earth's Shifting Crust : A Key to Some Basic Problems of Earth Science [L'écorce mouvante de la Terre : une clé pour quelques problèmes de base de la science de la Terre] (1958, par Pantheon Books, New York).


    Le déplacement de l'écorce terrestre n'est pas incompatible avec la théorie à présent largement acceptée de la dérive des continents. Selon Flem-Ath, elles partagent une hypothèse, celle que l'écorce extérieure est mobile en relation avec la couche intérieure, mais en tectonique des plaques le mouvement est extrêmement lent. Le déplacement de l'écorce terrestre suggère que sur de longues périodes de temps, approximativement 41 000 ans, certaines forces se dirigent vers un point de rupture. Parmi les facteurs à l'œuvre : une accumulation massive de glace aux pôles, influant sur le poids de l'écorce ; l'inclinaison de l'axe de la terre qui change de plus de trois degrés tous les 41 000 ans (à ne pas confondre avec l'oscillation qui cause la précession des équinoxes) ; et la proximité de la Terre par rapport au soleil, qui varie aussi après des milliers d'années.


    L'une des erreurs habituelles, dit Flem-Ath, est de penser aux continents et aux océans comme étant séparés, mais en réalité, le fait qu'il y ait de l'eau sur certaines parties des plaques n'a aucun rapport. Ce que nous avons dans la tectonique des plaques, c'est une série de plaques qui se déplacent très progressivement en relation l'une avec l'autre. Mais ce que nous avons dans le déplacement de l'écorce terrestre, c'est que toutes les plaques sont considérées comme une seule unité faisant partie de l'écorce extérieure de la terre qui change de place par rapport à l'intérieur du globe.


    La théorie, dit Flem-Ath, offre d'élégantes explications pour des phénomènes tels que la rapide extinction des mammouths de Sibérie, la présence presque universelle de mythes cataclysmiques parmi les peuples primitifs, et de nombreuses anomalies géographiques et géologiques laissées inexpliquées par toute autre théorie. La plupart des preuves habituellement citées pour appuyer l'idée des glaciations cadrent encore mieux avec le déplacement de l'écorce terrestre. Sous cette dernière, certaines parties de la planète sont toujours dans une période glaciaire alors que d'autres n'y sont pas. Quand les terres changent de latitude, elles entrent dans une période glaciaire, ou bien en sortent. Le même changement qui mit l'Antarctique de l'Ouest dans une boîte de glace congela aussi rapidement la Sibérie, mais dégela une grande partie de l'Amérique du Nord.


    Alors que de nombreux géologues de l'establishment insistent pour dire que la calotte glaciaire de l'Antarctique est beaucoup plus vieille que les 11 600 ans indiqués par Platon, Flem-Ath souligne que les prélèvements de glace en profondeur, sur lesquels sont basées la plupart des datations, sont pris à partir de la Grande Antarctique qui était en effet sous la glace, même pendant l'époque de l'Atlantide. L'idée est ici qu'un mouvement d'environ 30° ou d'environ 2 000 miles survint en un laps de temps relativement court. Avant un tel mouvement, la péninsule Palmer de la Petite Antarctique (la partie la plus proche de l'Amérique du Sud, dont la souveraineté est actuellement disputée par le Chili, l'Argentine et la Grande-Bretagne) aurait projeté une zone de la dimension de l'Europe Occidentale au-delà du cercle antarctique, à l'intérieur de latitudes tempérées avec des climats proches de celui de la Méditerranée. En même temps, la Grande Antarctique serait restée sous la glace dans le cercle antarctique.


    Une zone comme celle décrite par Platon, dit Flem-Ath, aurait la dimension de la Pennsylvanie, avec une cité comparable au Londres de l'époque moderne. Pas une mauvaise cible pour la photographie satellite. Des cercles concentriques ou d'autres grandes formes géométriques devraient être aisément discernables à travers la glace.





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    Flem-Ath pense que dans la plupart des domaines, Platon doit être pris au mot, bien qu'il suspecte qu'il puisse y avoir quelques inventions dans le récit. La guerre entre les Atlantes et les Grecs, par exemple, aurait pu être concoctée pour plaire à l'audience locale. Concernant l'importance des réalisations atlantes, cependant, il prend Platon très au sérieux et est très impressionné. Les exploits techniques décrits, dit Flem-Ath, auraient requis une habileté incroyable, plus grande même que la nôtre aujourd'hui. Concernant l'idée que les chiffres donnés par Platon devraient être divisés par un facteur dix, un argument fréquemment utilisé pour appuyer l'affirmation que l'Atlantide était en réalité la civilisation minoéenne dans la mer Egée, il ne l'accepte pas. Une erreur de facteur dix est compréhensible si vous utilisez des chiffres arabes, avec une différence entre 100 et 1 000 pour une décimale, mais en chiffres égyptiens, la différence entre les deux nombres est évidente. Pour lui l'argument est similaire à celui utilisé pour une localisation dans l'Atlantique Nord, dans lequel un concept moderne a été erronément surimposé sur un concept ancien.


    Jusqu'ici les idées de Flem-Ath ont été largement ignorées par l'establishment scientifique, mais il pense que du moins les arguments de Hapgood pourraient obtenir une certaine acceptation. Très souvent les idées nouvelles ont besoin de 50 ans pour être acceptées, dit-il, et nous approchons de ce moment.


    Si, en fait, la photographie satellite et les études séismiques apportent les indications que Flem-Ath attend, quelle sera la prochaine étape ? La glace dans la région dont nous parlons est relativement peu épaisse, dit-il, moins d'un demi kilomètre, et dès que nous aurons repéré la zone, il devrait être relativement aisé de creuser un puits et de trouver quelque chose.


    Ce quelque chose pourrait compter parmi les objets manufacturés les plus beaux et les plus spectaculaires jamais découverts, pris dans la glace et resté ignoré depuis presque 12 000 ans.


    Une perspective suffisamment excitante pour émouvoir les cœurs des sceptiques les plus endurcis ? Nous verrons bien.



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